52ème Congrès de la SAES
Université de Limoges
11-13 mai 2012
Co-organisatrices : Pascale Tollance, Fanny Gillet et Marie Laniel
Texte de cadrage :
Le thème « transparence et opacité » se prête tout particulièrement aux études intersémiotiques. La rencontre de textes ou de média artistiques différents peut en effet aussi bien servir un désir de transparence (désir de rendre manifeste la présence d’un texte dans un autre, ou désir de déjouer toute médiation en donnant à voir avec les mots), que créer un brouillage qui s’érige en obstacle pour celui qui voit comme pour celui qui lit (et a fortiori pour celui qui fait ou croit faire les deux en même temps).
La tension entre transparence et opacité semble constitutive du jeu intertextuel, qui repose précisément sur les différents degrés de dévoilement de la référence littéraire (de la citation explicite à l’évocation plus allusive, de la simple résurgence à la réécriture ouvertement assumée), entre effets de surface ou de profondeur.
Pour envisager la rencontre du texte et de l’image, il semble que l’on doive également se rendre attentif au brouillage – mélange entre signes visuels et textuels, double regard de l’observateur – sous peine de laisser place aux seules analogies, à un ut pictura poesis parfois trop littéral.
Se peut-il qu’il y ait une transparence dans le jeu de la transposition artistique alors même que les signes se chevauchent dans l’esprit du lecteur/spectateur ? Les mots peuvent-ils nous apparaître comme transparents lorsqu’ils sont mis en lumière par une image ? L’ekphrasis aspire-t-elle à créer pour son lecteur une image en transparence à travers les mots ? Au contraire, la pratique intermédiale se nourrit-elle d’une certaine forme d’opacité, qui ne devrait plus être comprise seulement de manière négative ?
À cette transparence métaphorique s’ajoutent les effets de transparence optique qui peuvent être présents dans les images, ou mis en jeu par le texte, à travers les surfaces de verre, les surfaces liquides ou encore l’aquarelle, le vitrail, les jeux de reflets de la céramique, le miroir ou les architectures de verre qui ont inspiré artistes et écrivains. C’est enfin la relation de la matière à la lumière (transparence, opacité, translucidité, matité) dans tous les média artistiques qui est en question.