Colloque international
Université de Bourgogne (UBFC)
22-23 Octobre 2020
Partant de la définition du format proposée par David Zerbib, comme « convention ou agencement de paramètres matériels, techniques et symboliques permettant de manièrerelativement stabilisée l’identification et l’évaluation des œuvres et autres artefacts dans uncontexte culturel donné »1, ce colloque international proposera une réflexion sur la double nature du format, à la fois contrainte et condition de la créativité. Les notions de dimension,d’échelle, de proportion, de durée sont connexes à celles de format, terme qui navigue entre laforme et la norme, se rapproche de la matrice et peut tendre dangereusement vers le formatage. On abordera donc le rôle du format dans la création, développant une réflexion sur ses usages en art : est-il à ce point intrinsèquement lié à l’œuvre qu’il ne puisse varier sans en modifier l’essence ? En effet, le format imposé à un graveur, illustrateur, photographe, écrivain, poète, cinéaste, acteur ou danseur dessine un espace de création conventionnel et normé, voire standardisé, mais éventuellement modifiable. Comme toute convention artistique, le format –inscrit dans un système de signes et d’usages induisant une hiérarchisation – peut être transgressé lors de jeux de conversions, déplacements, adaptations, emprunts, hybridations, décompositions, réinventions.
Que le choix d’un format se fasse en amont de l’œuvre (imposé par une commande, un lieu ou un genre), au moment de sa réalisation (dans le cas d’une impression par exemple) ou bien de son exposition, il affecte tant la création que la réception de l’œuvre. Entendu comme convention sociale et artistique, il garantit des compatibilités techniques, pratiques, culturelles ou esthétiques. Le format se comprend dès lors dans une chaîne de contraintes au sein d’uneproduction impliquant différents acteurs, outils et matériaux. C’est évidemment le cas de l’imprimerie et de la photographie où le format résulte à la fois de dispositifs techniques, de modes opératoires et de conventions artistiques. Pourtant si la nécessité de formats normés dansl’industrie, les sciences dures ou la communication semble évidente, en quoi l’est-elle aussi dans le domaine des arts semblant privilégier la fantaisie et l’inventivité ?
Les propositions de communication peuvent aborder les questions suivantes :
- Les motivations (techniques, sociales, médiologiques, culturelles ou esthétiques) de la contrainte du format ainsi que l’évolution de ces cadres, en tenant compte de « la plus ou moins grande incrustation culturelle et historique » de certains formats soulignée par Olivier Quintyn2.
- La manière dont le format dialogue avec le thème de l’œuvre en termes de coïncidence oud’écart.
- Le rapport entre la taille de l’œuvre imprimée, présentée ou jouée et l’espace dans lequel elle s’inscrit.
- La nature et l’effet des procédés d’agrandissement ou de réduction qui affectent le régime devisibilité de l’œuvre mais aussi son rapport ontologique au réel (on pensera au passage du croquis réalisé sur de petits carnets à la toile, à la modélisation ou encore aux phénomènes de pixellisation lié à l’agrandissement). Comment l’œuvre existe-t-elle, persiste-t-elle, évolue-t- elle dans différents formats ? Qu’en est-il du fragment (dans le cas du sampling par exemple) ?
1 David Zerbib, « L’Ère du format », dans David Zerbib (dir.). In Octavo, Des formats de l’art. Dijon et Annecy : Les Presses du réel ; ESAAA, 2015.
2 « Poétique(s) et pragmatiques du format », dans In Octavo, op. cit., p. 50.
- La variation ou stabilité du format au sein d’une série qui peut induire des rythmes, séquentialités, temporalités et spatialités différentes.
- La manière dont certains artistes attirent l’attention sur la facticité ou le pouvoir du formatcomme contrainte et vecteur d’idéologies.
- Les tentatives de certains créateurs pour abolir le format : peut-on envisager un art sans format aucun ?
- L’importance du format dans l’expérience et la réception de l’œuvre ainsi qu’au sein desdispositifs de diffusion (normes de présentation, cadre d’exposition, etc.).
- Le rôle et les droits juridiques du créateur dans la décision de présenter l’œuvre dans un formatdonné.
- L’impact du respect ou non-respect d’un format canonique associé à un genre (celui du paysage en peinture ou du sonnet en poésie par exemple) sur la légitimité et la valeur de l’œuvre et de l’artiste. L’originalité et l’expérimentation sont en effet plus ou moins attendues selon lesdomaines, les genres artistiques et les périodes.
Les propositions de communication en français ou en anglais doivent parvenir avant le 1er mai 2019 à l’adresse suivante : jeuxdeformats@gmail.com
Merci d’inclure un titre, un résumé (environ 300 mots), une brève notice bio-bibliographique, votre affiliation professionnelle et vos coordonnées.
La réponse sera donnée en juin 2019. Une publication après expertise est prévue et les articles devront être envoyés pour le 1er décembre 2020.
Comité d’Organisation (EA 4182) : Valérie Morisson, Candice Lemaire, Sophie Aymes.