Texte de cadrage :
Le thème de l’art intempestif vise à susciter une réflexion sur l’art à partir de l’hypothèse d’un rapport spécifique de l’œuvre d’art au temps, rapport d’intempestivité ainsi que l’énonce Nietzsche dans ses Considérations inactuelles, dans lesquelles il souligne la capacité de l’art à anticiper sur son époque pour y ouvrir des perspectives nouvelles. Il s’agira de s’interroger sur la capacité qu’a l’art « de penser et d’agir contre son propre temps en faveur d’un temps à venir », et de s’intéresser aux solutions neuves que l’art propose à des configurations de pensées qu’il rend du même coup caduques. L’une des pistes explorées pourra être la mise en relation entre l’intempestivité de l’art et la propension de l’œuvre d’art à se constituer comme événement pour le sujet et pour le monde. N’est-ce pas en effet cette capacité à faire événement qui permet à l’art de renouveler nos modes de perception par la multiplicité de ses formes, en nous arrachant au déjà-vu des clichés pour nous offrir des « révélations puissantes et directes » (Gilles Deleuze, L’Image-temps) ? On pourra également se pencher sur le paradoxe apparent qui veut que si l’art rompt avec le passé, s’il rejette les « vieilles tables » comme les appelle Zarathoustra, il instaure également un dialogue avec le passé, dont il rend possible la survivance. On s’interrogera alors sur le rapport de l’art à l’histoire, et sur la part de l’art dans l’exercice d’une histoire critique de l’Histoire officielle. La réflexion pourra s’étendre à la question du statut de la vérité en art, selon l’hypothèse que l’inactualité de l’art est aussi une des façons qu’a l’art de préfigurer des vérités à venir. On pourra enfin retracer les divers modes d’inscription de l’art dans le temps en différenciant les modes de réception des œuvres en fonction des médias dans lesquels elles s’expriment : lecture globale ou englobante dans le cas de la réception d’un tableau selon Nelson Goodman ; lecture horizontale et cursive dans le cas du texte linguistique. Le dialogue fructueux entre les disciplines sera dans tous les cas le moyen privilégié que nous utiliserons pour nous pencher sur l’hypothèse de cette intempestivité de l’art, afin de mettre en lumière les formes de débrayage que l’art fait subir au temps, pour rendre compte de l’énigme de sa persistance.
Programme :
Jeudi 9 septembre
9.00 : Ouverture du colloque : Liliane Louvel et Anne-Laure Fortin-Tournès
9.30-10.30 : Keynote speaker : Claire Colebrook (Pennstate) : Truth, Form and content
10.45 Pause
Atelier 1 : philosophie
- 10.55-11.15 : Rodolfo Eduardo Scarchetti (EHESS) : Les arts et l’espace archéologique et historique ouvert par Les Mots et les Choses de Michel Foucault
- 11.25-11.40 : Denis Viennet (Lycée Lurçat, académie de Nancy-Metz) : L’intempestivité de l’art comme résistance au temps
- 11.50-12.10 : Loic Capdeville (EHESS) : Face à l’histoire. Les œuvres d’art, objets d’études intempestifs ou d’études intempestives ?
- 12.20-12.40 : Anne Sauvagnargues (ENS Ulm) : Histoire d’herbes flottantes. Ethologie politique des images chez Deleuze
- 12.50-13.10 : Ferdi Memelli (Colby College USA) : Le conflit et l’art chez Nietzsche : une lecture du Gai savoir à partir de La Naissance de la tragédie
13.20 : déjeuner
14.30-15.30 : Keynote Speaker : Catherine Bernard (Université de Paris VII) : La vieille dame et le cameraman, (micro) utopies de l’art de l’ordinaire
15.45 : Pause
Atelier 2 : l’art et son passé
- 15.55-16.15 : Anne-Florence Gillard-Estrada (Université de Rouen) : L’esthétisme fin de siècle
- 16.25-16.45 : Frédérique Villemur (Université de Paris VII) : Inactualité de l’art chez Louis I. Kahn et impensé de l’architecture
- 16.50-17.10 : Will Viney (Birkbeck College London) : Cornelia Parker and the untimeliness of waste
- 17.20-17.40 : Sylvia Karastathi (University of Cambridge) : TJ Clarke and Paul Rego on Returning
- 17.50-18.10 : Jagna Oltarzewska (Université de Paris IV) : Time and time again: Sun Rays – Paula, Berlin, 1889, by Alfred Stieglitz
Atelier 3 : art et temps cyclique
- 15.55-16.15 : Annie Mavrakis (Université de Paris I) : Francis Bacon, un moderne intempestif
- 16.25-16.45 : Valérie Morisson (Université de Grenoble II) : ‘Looking back to now’, l’œuvre de Patrick Graham et son rapport au temps
- 16.50-17.10 : Dominique Pauvert (Université de Bordeaux III) : Le temps circulaire de la Renaissance carnavalesque : la temporalité carnavalesque dans l’œuvre de Bosch et Bruegel
- 17.20-17.40 : Camilla Benayada (Université d’Orléans) : Le cycle in-fini chez Stuart Davis
- 17.50-18.10 : Séverine Letalleur-Sommer (Université de Nanterre) : L’un et le multiple, ou la question de l’intempestivité dans les triptyques de Francis Bacon
- 18.20-18-40 : Amélie Balazut : L’art parietal de Chauvet à Barcelo, survivance intempestive de l’art
20.30 Banquet
Vendredi 10 Septembre
9.30-10.30 : Keynote Speaker : Jean-Luc Nancy (Université de Strasbourg) : L’a-temporalité de l’art
10.45 : Pause
Atelier 4 : le roman
- 10.55-11.15 : Fanny Delnieppe (Université d’Avignon) : Connecté au passé, connectant au futur : l’art intempestif de Jeanette Winterson
- 11.25-11.40 : Michelle Ryan-Sautour (Université d’Angers/Berkeley) : Titillating time in Angela Carter’s Alice in Prague or The Curious Room
- 11. 50-12.10 : Jean-Michel Ganteau (Université de Montpellier 3) : Logique de l’après-coup : Chatterton et le contemporain
- 12.20-12.40 : Camille Fallen (EHESS) : L’art du temps ou la plasticité temporelle de l’espace-temps artistique
Atelier 5 : la poésie
- 10.55-11.15 : Thomas Vercruysse (Université Blaise Pascal) : Poétique de l’intempestif chez Valéry
- 11.25-11.40 : Nathalie Riou (Université de Nantes) : Comment Fureur et mystère nous fait éprouver que l’intempestif, c’est notre illétrisme poétique
- 11.50-12.10 : Thierry Roger (Université de Paris IV) : Le geste inactuel du coup de dé Mallarméen
- 12.20-12.40 : Florian Mahot-Boudias (Université de Nanterre) : Perturbations politiques et discours intempestifs, autour d’Aragon et Brecht, poètes dans l’entre-deux guerres
12. 50 : Déjeuner
14.30-15.30 : Keynote Speaker : Karen Jacobs (University of Colorado at Boulder) : Still Life, Animate Death: Postmortem Agency in Sam Taylor-Wood and Joel Peter Witkin
15.45 : Pause
Atelier 6 : cinéma et théâtre
- 15.55-16.15 : Jonida Gashi (London Consortium) : Film looping and Derrida’s Parergon
- 16.25-16.45 : Marie Danniel-Grognier (Université de Lyon 2) : Le ralenti et l’accélération, gestes intempestifs du cinéma
- 16.50-17.10 : Sébastien Charbonnier (Nantes) : Réviser ses leçons d’histoire : quand le cinéma se fait pédagogue intempestif (William Klein, Jean-Michel Le Carré et Peter Watkins)
- 17.20-17.40 : Jean- Louis Claret (Université de Montpellier 3) : Les images intempestives dans le théâtre élizabethain
- 17.50-18.10 : Stéphanie Lupo (Université de Paris 3) : L’Art comme acte. Nietzsche, Grotowski, Jodorowski : trois chercheurs de vérité théoriciens et praticiens de l’acte créateur
Atelier 7 : les installations vidéos
- 15.55-16.15 : Catherine Voison (Université de Paris I) : Les biofacts artistiques
- 16.25-16.45 : Aurélie Michel (Université de Metz) : Les résurgences des cabinets de curiosités : Formes contemporaines d’un imaginaire qui mêle nature et artifice
- 16.50-17.10 : Ana Nolesco (Université de Lisbonne) : Art in time
- 17.20-17.40 : Olessia Koudriavtseva-Velmans (Université de Nanterre) : L’art contre le temps ou l’actualité intemporelle et la temporalité actuelle
- 17.50-18.10 : Sarah Katrib (Université de Strasbourg): L’œuvre d’art comme utopie
18.20 Conclusion du colloque : Liliane Louvel et Anne-Laure Fortin-Tournès